Lorsqu'une personne subit une injustice, elle commence à lire le récit de la fin des oppresseurs, Première partie



✍️ Par : Ali ben Mohammed Al-Harbi


Dans ces moments où la lumière s'éteint et où les cœurs suffoquent, on a l'impression que le monde nous ferme ses portes et que la justice terrestre est devenue aveugle. Il n'y a pas de douleur plus intense que celle d'être lésé quand on sait avoir raison, pas de douleur plus profonde que celle d'être accusé à tort, et pas de lame plus lente que celle qui transperce un cœur sincère.


Quand on est lésé, on se retrouve seul, sans personne pour entendre sa douleur, sans personne pour lire ses larmes. Tous passent leur chemin, tous sont préoccupés, et l'on demeure seul dans un silence pesant, comme une longue nuit. Alors seulement, le cœur se met à parler, et l'âme entreprend son voyage pour trouver du réconfort, non auprès des hommes, mais dans la justice infaillible de Dieu.


Dans ces moments-là, les opprimés se tournent vers un vieux livre, ouvrent une page du Coran ou parcourent les annales de l'histoire à la recherche de la chute des oppresseurs. Ils le font non par haine, mais par un besoin désespéré de survie, comme quelqu'un qui cherche à respirer dans l'épaisse fumée de la tyrannie. Ils veulent se dire : « D'autres ont emprunté ce chemin avant eux, ont persévéré et ont triomphé. »


Quand on lit l'histoire de Pharaon, qui proclama : « Je suis votre seigneur suprême », et qui se noya en un instant en appelant à l'aide, les opprimés sentent que la justice divine n'est pas loin. Quand on lit l'histoire de Qarun, englouti par la terre avec sa maison, on se rassure : la richesse ne peut protéger l'oppresseur, aussi tyrannique soit-il. Et quand on lit l'histoire des Gens du Fossé et du feu que les tyrans allumèrent pour les croyants, on comprend que la victoire ne se mesure pas à la capacité d'échapper aux flammes, mais à la fidélité inébranlable à la vérité jusqu'au bout.


Les opprimés lisaient ces récits non pour nourrir du ressentiment, mais pour y trouver du réconfort. Ils les lisaient pour croire que l'univers a un Seigneur qui ne dort jamais, et que la supplication des opprimés, née de leurs larmes, perce les portes du ciel et atteint le Trône sans permission. Cette supplication n'est jamais rejetée, comme l'a dit le Prophète (que la paix et les bénédictions soient sur lui) :


« Prenez garde à la supplication de l’opprimé, car il n’y a pas d’obstacle entre elle et Dieu. »




L'injustice ne se limite pas à priver quelqu'un d'argent ou de droits ; elle englobe aussi les paroles blessantes, les regards condescendants, les jugements iniques et le sentiment d'abandon ressenti lorsqu'on attend du soutien. Combien d'entre nous ont subi une injustice au travail, en famille ou entre amis, gardant le silence par peur, par politesse ou par faiblesse, tout en portant en eux une rancœur invisible qui se ravive à chaque souvenir de l'incident ?


La personne lésée, par nature, ne recherche pas tant la vengeance que la compréhension. Elle veut comprendre pourquoi cela lui est arrivé, pourquoi des portes lui ont été fermées et pourquoi personne n'est intervenu pour rétablir ses droits. Elle trouve alors la réponse en lisant que Dieu accorde un répit mais n'abandonne pas, et que Lui, le Très-Haut, a dit :


« Et ne croyez jamais que Dieu ignore ce que font les malfaiteurs. Il ne fait que retarder leurs actes jusqu’au Jour où les regards se tourneront vers eux [avec horreur]. »




Ce seul verset suffit à redonner espoir aux opprimés et à apaiser leur colère. Car Dieu n'oublie pas, et si la terre est silencieuse, les cieux, eux, ne le seront pas.





Lorsqu'une personne subit une injustice, quelque chose en elle change à jamais, comme si l'injustice touchait son cœur et le remodelait. Elle devient plus consciente, plus proche de Dieu et plus sensible à la miséricorde. Les opprimés apprennent, à travers l'expérience de l'injustice, des leçons qu'on ne peut enseigner ; ils comprennent la valeur de la justice et le sens de la force – non pas la force de la tyrannie, mais la force de la patience.


C’est pourquoi, lorsque Dieu aime un serviteur, il le met à l’épreuve pour le purifier, l’élever et lui enseigner que la vraie force ne réside pas dans la main, mais dans la patience, et que la justice divine n’arrive pas tard, mais au moment où elle restaure la dignité de la vérité et la tranquillité du cœur.